On ne me dit plus bonjour…

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Le concept d’invisibilité

J’ai zappé au hasard sur la chouette émission “La grande librairie” vendredi soir dernier. L’interview de Chloé Delaume venait de commencer. De commencer fort puisque son dernier livre parle ni plus ni moins de l’invisibilité des femmes à partir d’un certain âge….(à partir de 40 ans et des poussières (de rides) ?)

“A 46 ans elle ne compte plus, on ne la voit plus sur le marché de l’amour et dans le monde du travail.” Chloé Delaume à propos de l’héroïne “invisibilisée” de son roman “Le coeur synthétique” (Editions du Seuil), prix Médicis 2020.

Je vais m’empresser de lire ce livre, mais j’écris cet article avant, sinon sans doute je n’oserai plus écrire à ce sujet…

Peut-être avez-vous remarqué aussi que ce n’est pas un sujet qui fait vraiment la une des médias.
Pourtant c’est une réalité vécue par une immensité de femmes, une faille intime qui s’étire en soi plus ou moins douloureusement selon l’histoire de chacune.

La une des journaux préfèrera titrer sur les femmes d’aujourd’hui, toujours plus sexy après 40,  50 60 ans, cougars, indépendantes, libérées des enfants devenus grands, épanouies, créatives, ambitieuses et pleines de pep’s : la nouvelle jeunesse des femmes à la maturité. Sont-elles vraiment les femmes d’aujourd’hui ? ou quelques femmes seulement, qui ouvrent la voie et donnent de l’espoir à la majorité silencieuse qui ne vit pas cela, … du tout.

Chloé Delaume semble évoquer l’idée de devenir invisible à la fois dans sa vie amoureuse et dans le travail, c’est une sacrée double peine.

Est-ce que la question qui se pose est plus précisément de devenir invisible aux yeux des hommes ? Encore plus précisément la question est-elle de ne plus être désirable ou “draguable”, abordable, aimable, ni même qualifiée de séduisante aux yeux d’un potientiel partenaire amoureux quelqu’il soit (homme ou femme).

Si cela impacte aussi le travail, soit pour en trouver un nouveau, soit pour obtenir une promotion ou trouver des partenaires pour se lancer à son compte ou développer son entreprise, c’est un enjeu à creuser… surtout si c’est un homme qui recrute ?

Ce sujet a frappé à ma porte à plusieurs reprises, mais souvent j’avais mis cela sur le compte de la prise de poids. Quand j’étais jeune fille, j’ai pu faire l’expérience d’être interpellée, sifflée, oeillée, regardée et gâtée en sourires plein d’espoirs.
Je n’ai pas réalisé à quel moment cela s’est arrêté.
A peu près quand je suis devenue maman ? Etre mère n’est plus synonyme de séduction, paraît-il.
Ou quand j’ai pris du poids.
J’ai pu croire que devenir invisible c’était réservé aux femmes qui ne sont plus dans les canons de beauté habituels (hors catégorie, de taille notamment), que c’était ainsi. Culturellement, dans les pays occidentaux.
Le comble : prendre du poids à en devenir invisible…

Dernièrement un homme m’a refermé la porte au nez. Sans me voir. Sans s’en rendre compte.

Quelle prétention penserez-vous peut-être. Non pas que je me sente tellement belle et irrésistible que je m’attends à ce que tout le monde me fasse sa référence en me voyant arriver ou me tienne la porte….

Du point de vue de cet homme cela pouvait être une maladresse, au pire une impolitesse, au mieux une absence momentanée, ou alors un burn out en préparation. Ce n’est pas de sa faute, il a fait cela à “l’insu de son plein gré” comme d’autres avant lui.

Ensuite, une vague de nostalgie m’a envahit. Je me suis rappelée que la vie d’aujourd’hui avait mis à mort la galanterie. Est-ce que si j’étais jeune et belle aujourd’hui, on me tiendrait encore la porte comme quand j’étais jeune et belle ?…

Dommage collatéral

La quête essentielle d’égalité des droits entre les hommes et les femmes, la lutte légitime contre les excès de violences sous toutes ses formes a aussi anéanti toute tentative de galanterie (de peur d’être mal interprétée sans doute). Cela n’était pourtant pas le sujet. La mort de la galanterie est un dommage collatéral.

J’aimais bien la galanterie, j’avoue. Je me retrouve aujourd’hui à souvent laisser la place, la porte aux personnes que je croise, homme ou femme. La galanterie rimait aussi avec politesse tout simplement, savoir-vivre, sourires et bienveillance envers l’autre.

Je crois vraiment que le monde a besoin de cette gentillesse dans les petites choses du quotidien.

Mais dans le dictionnaire, la galanterie, c’est pourtant précisément : “Courtoisie empressée auprès des femmes”.
Cette galanterie s’adressait à toutes les femmes, jeunes ou matures.
Ce n’était pas seulement une entrée en matière, avec une idée derrière la tête.
C’était une politesse due aux dames.
Rien de bien sincère non plus, me retorquerez-vous sans doute.
Bref, c’est bel et bien passé.
Cela ne m’est plus arrivé depuis vraiment longtemps.

Mais je continuerai à tenir les portes.
C’est sans doute ma façon de remercier les galants qui nous ont précédé.
C’étaient de doux moments, merci infiniment….

Alors la question que je me suis posée ensuite. Non plutôt l’évidence qui m’est apparue ensuite :
Ce n’est peut-être pas la galanterie qui a disparu.
Les hommes étaient galants avec moi avant.
Mais avant j’étais jeune, fraîche, jolie.
Oops.
J’étais désirable et certains témoignaient seulement leur “ouverture d’esprit”, leur disponibilité pour qui veut bien aussi, pour qui serait disponible aussi, pour qui voudrait conclure.

Il faudrait que je demande à des jeunes femmes aujourd’hui si les hommes osent toujours la galanterie avec elles. Si vraiment elle a disparu. Ou si vraiment elle ne s’adresse qu’à des jeunes filles en fleur, de façon pas très désintéressée.

Maturité

Ce sujet m’a fait pensé à la chanson de Johnny Hallyday -20 ans
Le refrain exprime à merveille la suite de l’histoire :

“Dis-moi que la vie est encore plus belle, quand on n’a plus 20 ans…
Donne moi des monts et des merveilles, comme si j’avais encore 20 ans”

 

Alors comment fait-on pour rester pétillante, pour profiter de la vie, pour garder le goût de vivre quand on est devenue invisible ?

Voilà pourquoi toute la presse, la psychologie, les femmes de mère en fille, nous expliquent l’estime de soi, la nécessité d’apprendre à prendre soin de soi, à s’aimer soi-même, à nous faire des compliments nous-même. On nous prépare à cette invisibilité et à nous débrouiller par nous-même pour préserver notre impression d’être toujours vivante ?

Comprenez-vous à présent pourquoi la crise de la quarantaine, de la cinquantaine et les autres, la raison de toutes ces histoires adultères, plus narcissiques que sexuelles finalement : se sentir regardée, désirée encore une heure, encore une fois, juste une fois…

La vie d’une femme n’est pas un long fleuve tranquille, mais  je crois que 2 choses peuvent soulager cette sensation d’invisibilité vraie ou supposée.

#1 /Des moments entre filles

J’ai partagé sur ma page facebook ce texte expliquant l’importance pour les femmes de se retrouver régulièrement entre femmes, entre amies .

C’est scientifiquement prouvé…

“L’orateur a, entre autre, affirmé que l’une des meilleures choses que l’homme puisse faire pour sa santé est d’avoir une épouse, alors que pour la femme, la meilleure des choses à faire pour être en bonne santé est d’entretenir ses relations avec ses amies.
Tout l’auditoire a éclaté de rire, mais il était sérieux…. La suite

#2 /Regarder ailleurs

Si nous restons nostalgiques de notre jeunesse, elle aura tendance à remuer le couteau dans la plaie et à nous faire souffrir.
On peut néanmoins danser et chanter sur les tubes de nos 20 ans, cela fait du bien ! et pleurer devant les comédies romantiques …

Finalement est-ce que l’invisibilité ne serait pas sélective ? elle nous rendrait au fur et à mesure invisible pour les personnes superficielles, pleines de jugements et d’attentes irréalisables.

Notre jeunesse est idéaliste, exigeante, très attachée aux apparences et aux influences du collectif, mais la maturité nous aide à regarder du côté des gens et des choses plus atypiques, plus rares, plus palpables : les personnes fiables (qui ne nous posent pas de lapins), à l’écoute (qui pensent à nous et demandent des nouvelles), drôles, cultivées ou surprenantes ne feraient-elles pas plus notre joie ?

N’est-ce pas une chance de regarder du côté de ces personnes qui nous verront comme un tout, avec nos défauts, qui nous aimeront pour ce que nous sommes (pas seulement parce que nous avons de jolies fesses dans cette robe aujourd’hui).

Il y aura moins de personnes peut-être mais ce seront des relations vivantes !

Et les hommes dans tout cela… Bien sûr ils voient comme nous ce qui est beau ou bien fait, nous avons tous des yeux pour apprécier la beauté. Mais comme amie, amante ou autre, avec la maturité, ils aimeront aussi de plus en plus l’humour, la joie de vivre, la discussion, la découverte.
Les femmes plus matures ont vraiment plein d’atouts de ce côté-là.
A nous de les cultiver !

Faisons confiance aux hommes pour partager ensemble de nouvelles valeurs au fil des ans. Beaucoup aiment vraiment plus que tout des femmes naturelles, rieuses, cultivées, curieuses et complices.

Puisqu’on nous dit que le charme n’a pas d’âge…
Croyons-le !
Ayons confiance en nous et en la vie pour rencontrer les personnes avec qui le partage sera sincère et enrichissant.

La beauté est dans l’oeil de celui qui regarde. Oscar Wilde

 

Il s’agit vraiment d’accepter cette évolution, de réaliser que oui, il y a des personnes autour de nous pour nous apprécier, nous aimer, pour partager des bons moments même après l’âge d’or.
Sachons les reconnaître, les regarder, aller vers elles… les inviter dans nos vies !

#3 /Habeas Corpus

Sans vouloir vous commander, si vous vous offriez des massages régulièrement (tous les mois ?) pour faire l’expérience de sensations différentes, pour apprivoiser les nouveaux contours de son corps.

Souvent on n’ose pas se faire masser quand notre corps n’est pas parfait. C’est compliqué de faire le premier pas. Demandez à la personne qui vous massera d’ être massée sur les pieds, les mains, la tête dans un premier temps, restez habillée, mais ne vous privez pas de ce moment de douceur.

Peu de gens sont à l’aise avec leur corps, quelque soit ses particularités, vous ne serez pas les seules à demander des massages sur mesure….

Les masseurs, masseuses sont au fait de ces difficultés, elles ne voient pas votre corps comme vous le voyez. Elles ont à coeur de faire au mieux leur travail, elles sont concentrées sur la peau, l’énergie qui circule, la bienveillance…

Vous pourriez être surprise par les ressources de votre corps, quand l’énergie repasse par toutes les cellules. Le bonheur est dans le corps !

#4 /Fais aux autres…

Si nous souffrons d’un manque de galanterie, soyons galante…
Si nous avons besoin de compliments, faisons des compliments…
Si nous aimerions partager plus de temps avec des ami(e)s, invitons-les ou appelons-les…
Si nous aimerions des moments de complicités avec les autres, sourions, c’est le début de la rencontre.

Donne et tu recevras…
Cela se tente !

 

3 réponses
  1. Elie
    Elie dit :

    Bonjour, la société patriarcale a toujours décidé à la place des femmes (jeunes) comment elles devaient se comporter, c’est à dire : soit belle et tais-toi. Car le but, c’était qu’elle trouvent un mari au plus vite. Depuis des lustres, les femmes se sont donc évertuées à passer le plus clair de leur temps à plaire aux hommes dans l’attente fébrile de compliments, de flatteries et de galenterie. Et de nos jours, ça n’a pas beaucoup changé. Mais quand les regards, les compliments, les flatteries ne se font plus, ces mêmes femmes se sentent invisibles et inexistantes. Certaines en souffrent tellement qu’elles cherchent vainement à ressembler à des ados attardées, ce qui les rend encore plus pitoyables aux yeux des autres (hommes en particulier). Une femme indépendante qui a confiance en elle n’a pas besoin du regard des hommes pour savoir ce qu’elle vaut. Elle n’a pas besoin qu’on la siffle comme un chien, qu’on lui fasse des réflexions en pleine rue et encore moins qu’on la fasse passer devant pour admirer ses fesses au passage. Les femmes devraient plutôt mettre en avant leur intelligence, leurs compétences, leur empathie au lieu de toujours scruter le regard des hommes pour savoir si elles sont toujours belles et désirables. Quant à la galanterie, elle comporte quelque chose d’infantilisant parfois. La jeunesse et la beauté sont éphémères. Quand on vieillit, il faut savoir passer à autre chose et arrêter de vouloir être un objet sexuel à tout prix. D’ailleurs les femmes sont souvent contradictoires. D’un côté, elles veulent qu’on les flatte, qu’on les regarde et qu’on les complimente sur leur physique. Mais de l’autre, elle s’en offusquent en disant que les hommes sont tous des salauds avec la même idée en tête ! Femmes, arrêtez de correspondre aux critères du patriarcat et vous vous sentirez bien mieux dans votre peau, surtout en vieillissant ! Tant que vous vous plaisez à vous-même c’est le principal.

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